volume sonore #1
hôtel goüin - tours juillet - août - septembre 2009
« Dès la première visite, c’est l’histoire récente du bâtiment (2ème guerre mondiale) qui nous a captivés plutôt que celle qui sautait immédiatement aux yeux (une des premières façades « Renaissance » en France)… »
Aussi le volume a-t-il été installé à l’emplacement même du monticule de gravats figurant sur une photographie de l’Hôtel Goüin de juin 1940 après un bombardement.
. L’ architecture et le sonore
notions d’espace protégé / exposé – intérieur / extérieur – fragilité / solidité
. C’est un dôme d’écoute et d’isolement, refuge sonore mobile, voué à être nomade, à l’image des abris d’urgence. L’accès à l’espace réservé à l’écoute se fait par un couloir dont le plafond s’abaisse avec la progression, invitant au « travail sur soi » préalable et nécessaire à l’écoute.
L’isolation interne, réalisée au moyen de matériaux non polluants, évoque l’aspect d’un nuage (le matériau lui-même devenant l’unique ornement), proposant à l’auditeur, placé au centre d’un champ vibratoire puissant, d’entrer dans une autre dimension et de mobiliser son corps en ses tréfonds. Cet habitat-son contribue lui aussi à préserver l’humain. Il s’agit de la notion de refuge « terrien » dans la ville.
Le matériau sonore provient d’enregistrements en field recording de chants d’oiseaux (présents dans la cour de l ‘Hôtel Goüin) et de chants de grillons conviés symboliquement à se réapproprier les sites urbains, invitant au silence puisque ce dernier est nécessaire pour que leurs chants surviennent. Ces sons ,retraités et agencés, font l’objet d’une diffusion dans l’espace de la cour extérieure, mais sont néanmoins perceptibles également à l’intérieur du module.
A l’intérieur du dôme (également dans la cour), est projetée une diffusion sonore en quadriphonie avec un dispositif spécial pour les basses.
La pièce sonore évoque également l’espace protégé/ espace exposé, la fragilité/ solidité, faisant allusion aux sonorités passées (démolition, explosion), présentes et futures du lieu (en mutation).
Ainsi, bien que le lieu soit très présent dans sa dimension historique, l’omniprésence du son, de par son immatérialité, provoque un réel changement de sa perception visuelle.
La façade est habillée d’un dispositif de représentations et de correspondances visuelles et cognitives. Chaque élément composé de trois parties représente symboliquement une situation d’écoute :
blanc = sons purs et intentionnels
miroir = sons environnementaux (« silence » d’après John Cage)
fragments d’impressions photographiques = références « historiques », éclats de vie de chacun, singularisant l’écoute qui est toujours une expérience « active » et intime d’appropriation, résultant d’un processus complexe.