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Volume Sonore

volume sonore #3

 

 

 

 

 

conférences rythmes concerts

 

 

4 & 5 novembre 2011 - entrée gratuite

 

 

 

 

VENDREDI 4 NOVEMBRE : CONFÉRENCES À PARTIR DE 20 H

 

 

SOPHIE GOSSELIN & DAVID gé BARTOLI : poètes philosophes « La nuit du rythme »

 

 

« Être dans le rythme ». « Avoir le rythme dans la peau ». Quand il prend corps, le rythme apparaît au grand jour. Mais alors, quelle est la nuit du rythme ? Où se retire-t-il quand il ne se présente pas à nous ? Et peut-il même se présenter devant nous ? Ne sommes-nous pas déjà toujours pris dans sa respiration, dans son battement ?

Le rythme est ce souffle qui enivre le monde.


Le rythme n'est pas tant ce qui bat la mesure que le battement même d'un paysage, d'une atmosphère, d'un sentir. Et la mesure ne vient qu'après, comme pour tenter de cerner l'indiscernable, de saisir l'insaisissable. C'est depuis l'intervalle qu'il faut penser le rythme, espacement qui ouvre l'espace et le temps.

Faire de la musique, produire du bruit, chanter, c'est toujours déjà être pris dans la danse du rythme. Le rythme précède la possibilité même de jouer de la musique. Et c'est dans la capacité à entrer en résonance avec lui, à s'en faire l'écho, que réside la beauté d'une ligne mélodique, la souveraineté de son expression.

Nous écouterons sourdre le rythme d'un morceau de musique, d'un chant, d'un poème. Nous regarderons et toucherons un instrument africain. Il s'agira de s'ouvrir à la pensée de « la mélodie des choses » dont parle Rilke, pour approcher, sentir, imaginer, se laisser prendre par la démesure du rythme : ses intensités, ses résonances, ses textures et ses couleurs.

« Ce chant, qui dans la vie reste confié aux mille voix du jour et de la nuit, au bruissement de la forêt ou au tic-tac de l'horloge, à ses coups hésitants sonnant l'heure, cet ample choeur de l'arrière-fond qui détermine le rythme et le ton de nos mots, ne peut sur scène, pour le moment, se faire comprendre par les mêmes moyens. Car ce qu'on appelle ''atmosphère'' et qui, du reste, dans des pièces récentes se voit rendre aussi partiellement justice, n'est pourtant qu'une première tentative imparfaite pour laisser transparaître le paysage derrière hommes, mots et gestes, qui ne sera absolument pas perçue par la plupart et qui, en raison de sa grave intimité, ne peut absolument pas être perçue par tous. Renforcer techniquement tel bruit, tel éclairage, produit un effet ridicule, parce que de mille voix on en monte une seule en épingle, si bien que toute l'action reste suspendue à cette unique pointe. »

R. M. Rilke, Notes sur la mélodie des choses

 

 

 

 

YVES TILLET : neuroendocrinologiste - directeur de recherche INRA Nouzilly FREDERIQUE BONNET-BRILHAULT : professeur de physiologie, Université François Rabelais Faculté de Médecine CHRU de Tours, psychiatre chercheur, INSERM U930. « L’orchestration de l’activité neuronale »

 

 

« Constitué de quelque 100 milliards de cellules nerveuses, ou neurones, le cerveau humain est sans contredit la forme de matière organisée la plus complexe de l'univers. On a estimé que le nombre de permutations et de combinaisons possibles dans l'activité cérébrale surpasse celui des particules élémentaires dans l'univers. Cela donne un aperçu de l'immensité de la tâche à réaliser pour essayer de comprendre les fonctions de cet organe mystérieux. »

 

L’activité de ces milliards de neurones va ainsi être organisée et synchronisée pour produire de véritables rythmes cérébraux. Ces oscillations électromagnétiques produites par l’activité de notre cerveau  peuvent être observées en électroencéphalographie et leurs variations en fréquences et en amplitudes peuvent être enregistrées. Ces variations sont intimement liées à l'état de concentration, à l'état émotionnel d'un sujet et plus généralement à ce que celui-ci éprouve que ce soit en terme de perception de son environnement et d’organisation de ses actions. 

C'est à partir des capacités exceptionnelles de cet organe mystérieux que naissent les chefs œuvres et s'expriment les artistes, mais cet organe d'environ 1350 g peut –il, en émettant quelques signaux électriques qu'une machine va enregistrer, être à l'origine d'une composition artistique ?

 

 

 

CHRISTIAN RUBY : philosophe « Interférences arts sciences »

Il reste vrai que les arts cherchent à s’affranchir des territoires assignés (frontières entre les genres...) et des territoires institutionnels artistiques en faisant irruption dans d’autres espaces. Et que les sciences, et cela vaut autant pour les sciences « dures » que pour les sciences « humaines », tentent de franchir le domaine du silence dans lesquelles elles sont cantonnées. Il existe des tentatives concrètes de rapprochement Art-Sciences, grâce à des artistes et des chercheurs, toutes orientées vers la nécessité du double dépassement du positivisme et du romantisme. Vers quels horizons ?

 

 

 

SAMEDI 5 NOVEMBRE : CONFÉRENCE - CONCERTS À PARTIR DE 20 H

 

 

PHILIPPE ZARKA astrophysicien directeur de recherche/Observatoire de Paris/ Les aventures sonores du matériau « signal »

De nombreuses mesures physiques, astrophysiques, biologiques, etc. sont assimilables à des « signaux » variables dans le temps. Il est alors possible d’en tenter une retranscription sonore qui, si elle est esthétique, jette un pont entre science et art. Cette « traduction » ne va pas de soi et n’est pas unique : de nombreux choix subjectifs peuvent intervenir...

 

 

 

21 h Composition d’ALMA FURY « le rivage est plus sûr mais j’aime me battre avec les flots » E. Dickinson SPATIALISATION ALMA FURY

 

 

ALMA FURY : Vonnick Mocholi - Claude Besnard

 

« Cette pièce sonore que vous allez spatialiser ? »

 
Travaillée à partir d’éléments du vivant, soit ici le cri de l’animal (grillon), de l’univers (étoiles, Pulsars), de sons de Moog et de piano revisités. Bref, le fruit de nos recherches ces dernières années. Il s’agit d’expérimenter, de métamorphoser... d’extraire « l’essence harmonique »
 
« La musique? » 

En finir avec les clivages et les clichés qui règnent et qui supposent que telle musique est plus « énergique », tel courant sonore plus sérieux ou plus en rupture qu’un autre. Ce qui compte et ce que nous ressentons, au finish, ce ne sont pas les moyens déployés (instruments acoustiques, ordinateurs) mais ce flux qui nous traverse, que ce soit brutal, méditatif, atténué... Nous avons expérimenté divers territoires, c’est notre état d’esprit aujourd’hui.

 

 

 

22 h Nouvelle composition de JIM O’ROURKE « What is cold is new again »

SPATIALISATION CHRISTIAN ZANESI

 

 

CHRISTIAN ZANÉSI

« Christian Zanési est un pur compositeur de studio, « sculpteur sur son ». Sa musique, inscrite et construite dans l’espace a pour souci principal de toucher physiquement, via les haut-parleurs, l’auditeur être-organique vibrant »

 

Ancien étudiant de Guy Maneveau et Marie-Françoise Lacaze (Université de Pau. 1974-1975), Pierre Schaeffer et Guy Reibel (Conservatoire de Paris. 1976-1977). Il a ensuite enrichi sa formation en observant et en travaillant en studio pour de nombreux compositeurs (Pierre Schaeffer, Pierre Henry, Bernard Parmegiani, Luc Ferrari, François Bayle, Michel Chion...) 

Dans les années 80 ses premières œuvres ont été remarquées et souvent jouées.

 

Il puise son inspiration dans la rencontre poétique avec des sons remarquables. Depuis quelques années il a aussi développé des relations de travail avec des acteurs de la scène électronique (Mika Vainio de Pansonic...) et des chorégraphes (José Montalvo, Michel Kelemenis...)

 

Dans le cadre du GRM, dont il est le directeur-adjoint, il conçoit la programmation des concerts (Saisons Multiphonies / Festival PRÉSENCES électronique) et des émissions radio sur France Musique.

 

 



 

Christian ZANÉSI

 

 

 

 

 

JIM O’ ROURKE USA (vit au Japon)

Guitariste, auteur, compositeur, interprète et producteur américain. Il a joué dans de nombreuses formations (Brise-Glace, Loose Fur, Gastr del Sol...) et a été membre du groupe New Yorkais SONIC YOUTH de 2000 à 2005. Il a également collaboré en tant que producteur avec Wilco, mais aussi pour Stereolab, Faust, Joanna Newsom et Smog.

 

 

 

“ What is cold is new again 

 

Nouvelle composition de Jim O’ROURKE

 

 


 

 

 

 

 

Jim O’ROURKE © Droits réservés

 

 

 

 

Interview de Jim O’ROURKE


Avec quels types de sons avez-vous travaillé cette nouvelle pièce ?


J’ai décidé de limiter le nombre de sources sonores et j’ai fini par choisir des sons de piano, violoncelle et percussions. Je les ai tous passés dans mon synthétiseur SERGE. Donc tout est réellement fait à partir du SERGE. Les sons de percussions, c’était juste des trucs qui traînaient dans la maison, rien d’extravagant. La plupart du temps, la cuisine finissait sens dessus dessous.
 


Est-ce que l’environnement japonais influence votre manière de penser la musique aujourd’hui ?


Je ne crois pas. Bien sûr, cela influence ma vie, et aussi la façon dont mon cerveau fonctionne, parce que la logique japonaise est différente de l’anglaise, et je ne parle désormais que rarement anglais. Mais si jamais cela m’a influencé, c’est dans la mesure où je suis devenu plus exigeant avec moi-même ; questionnant tout ce que je fais cent fois plus. Je ne fais plus de la musique quotidiennement, comme je le faisais avant. Cela m’a transformé en me donnant la capacité d’avoir du recul par rapport aux matériaux sonores sur lesquels je travaille. Mais je ne pense pas que tout cela ait à voir avec le Japon en tant que Japon.
C’est bien plus lié au fait que je me suis finalement installé quelque part après 25 ans de tournées et de voyages non-stop, que je savoure la vie, plus exactement que je suis enfin en mesure de la savourer, dans un endroit différent. Le Japon m’a rendu cela possible.
 


En général, comment définiriez-vous votre travail ?


Je ne suis pas sûr de me connaître moi-même ! J’ai travaillé depuis si longtemps maintenant, jeté tellement de choses que tout ne semble pas rentrer dans la même boîte. Mon travail n’est plus composé de ces sortes d’éléments narratifs que j’ai tellement aimés avant. Mais il n’a pas non plus sauté dans le camp de la « Musique pour la musique ».
 
 


Que pensez-vous de la proposition de Pierre Schaeffer : « il faut faire au moins deux choses dans la vie : une que la société vous demande et une autre qu’elle ne vous demande pas » ?

 


J’aimerais faire quelque chose que la Société ne veut pas que je fasse.